Ellie Davies
Ellie Davies (née en 1976) vit dans le Dorset et travaille dans les bois et les forêts du sud de l’Angleterre. Elle a obtenu sa maîtrise en photographie au London College of Communication en 2008. Davies est représentée par la Crane Kalman Brighton Gallery au Royaume-Uni, la Patricia Armocida Gallery à Milan, la Susan Spiritus Gallery en Californie, la A.Galerie à Paris et Bruxelles et les Brucie Collections à Kiev. . Le travail de Davies est exposé au 10 Gresham Street dans la City de Londres du 10 septembre 2020 à fin janvier 2021. L’exposition est une collaboration avec la Crane Kalman Brighton Gallery et est organisée par Vanessa Brady de VJB Arts. Les expositions récentes incluent Gilman Contemporary à Sun Valley, Idaho au début de 2020 et une exposition itinérante pour The Imperial Hospital Trust à Charing Cross et St Mary’s Hospitals à Londres tout au long de 2019. Sa série Fires a été sélectionnée comme finaliste au Klompching NY Fresh 2019 Summer Show et Stars 8 a reçu le prix « Fine Art Single Image Winner » aux Magnum Photography Awards 2017, qui a été exposé à la Photographers Gallery de Londres. Davies a récemment été présenté dans Rakes Progress Magazine, Ernest Journal, Zoom Magazine Italy et China Life Magazine, Gardens Illustrated et National Geographic.
elliedavies.co.uk
Le choix d’une seule image pour un article de cadre de fin a été un processus intéressant. J’ai parcouru toute une vie d’images dans ma tête et dans des livres de photos, en pensant à des images qui m’ont marqué pendant de nombreuses années.
Au début de mes études de photographie, mon exploration de ce qui a été et pourrait être fait avec ce médium a vraiment pris feu. Avec le recul, je me rends compte que ces premières obsessions ont eu une influence profonde et formatrice sur ma propre création d’images, même si je n’en étais pas nécessairement conscient à l’époque.
Une exposition qui se démarque particulièrement était Twilight: Photography in the Magic Hour au V & A de Londres en 2006.
Cette exposition, co-organisée par Martin Barnes, a réuni un certain nombre de photographes établis et émergents, travaillant tous au crépuscule. Les artistes comprenaient Philip-Lorca diCorcia, Gregory Crewdson, Robert Adams et Bill Henson, ainsi que les talents émergents Chrystel Lebas et Liang Yue. Il y avait aussi une installation cinématographique spécialement commandée par Ori Gersht.
La mise en scène immersive de l’exposition entraîne le spectateur dans un univers onirique. Les murs étaient tendus d’un tissu blanc transparent, qui diffusait la douce lumière mauve et rose, baignant le tout dans l’atmosphère et l’immobilité du crépuscule. Cela a ouvert la voie à une exploration visuelle et psychologique des effets du crépuscule. Les photographies à grande échelle suspendues devant ces revêtements muraux diaphanes semblaient briller dans la lumière éthérée qui ne peut être trouvée qu’au crépuscule lorsque le monde scintille pendant quelques minutes avec les dernières traces du soleil couchant ; les rouges et les oranges riches se fondent dans les violets et les bleus d’encre.
L’image que j’ai choisie pour End Frame est tirée de la série de paysages enneigés de Chrystel Lebas, Entre chien et loup, intitulée Untitled 10, bien que mes pensées se réfèrent vraiment à sa série dans son ensemble. L’image sombre du paysage grand format montre une forêt couverte de neige dans la lumière froide et plate d’un après-midi d’hiver. Le titre Entre chien et loup fait référence à l’expression française entre chien et loup, qui est utilisée pour décrire l’heure de la journée où il fait trop sombre pour faire la distinction entre un chien et un loup. Les bleus du crépuscule jettent un froid profond sur les images de sorte qu’il semble s’infiltrer dans vos os. C’est un paysage vide de monde, silencieux, feutré et complètement immobile dans l’instant entre le jour et la nuit où les ombres s’adoucissent, la palette se désature lentement et l’imagination prend son envol.
Les images frappent par leur légèreté, permettant au spectateur de se projeter dans la scène, ressentant le froid et l’isolement alors que les récits se forment dans l’esprit. Tous les observateurs de la photographie apportent leur propre expérience au processus de visionnement, et ces images laissent place à de multiples interprétations, mais le titrage pousse doucement notre imagination.
Le titre Entre chien et loup fait référence à l’expression française entre chien et loup, qui est utilisée pour décrire l’heure de la journée où il fait trop sombre pour faire la distinction entre un chien et un loup.
C’est un moment de transformation – c’est comme si les humains n’avaient peut-être jamais existé, et le temps s’arrête.
Chaque fois que je regarde ces images, les sentiments me reviennent tout de même. Les moments de calme et d’isolement peuvent être rares dans nos vies bien remplies, mais ces images apportent une clarté et un calme que je ne trouve généralement que dans la nature – elles sont transportantes et je sens que je suis sur le point de commencer une longue promenade solitaire dans la magie silencieuse heure.
Au cœur de la série se trouvent les compétences de Lebas en tant que photographe et sa capacité à capturer les subtiles nuances de lumière et d’ombre, de texture et de ton, qui donnent à chaque image son caractère unique et sa résonance émotionnelle. Le résultat est un ensemble d’œuvres à la fois visuellement époustouflantes et touchantes sur le plan émotionnel, une méditation sur la fugacité du temps et le pouvoir du monde naturel de modifier nos perceptions de la réalité.
Ellie vient de sortir sa nouvelle série, Chalk Streams. La série met en évidence les menaces auxquelles sont confrontés les ruisseaux de craie écologiquement rares et précieux, dont 85% se trouvent dans le sud du Royaume-Uni. Ces écosystèmes rares et délicats sont menacés par de nombreux facteurs de stress, notamment le changement climatique, la pollution due aux déversements d’eaux usées et au ruissellement des terres agricoles, le prélèvement d’eau et la pratique de l’empoissonnement des rivières en truites pour la pêche sportive.
Dans cette série, la lumière réfléchie par la surface de la mer voisine se superpose aux paysages fluviaux, créant une entrée étincelante. Cette lueur séduisante serpente en amont, mais les eaux paisibles et le cadre arcadien démentent un récit plus sombre. La lumière transposée symbolise les conséquences à venir du changement climatique, des prélèvements d’eau, de la pollution et de l’élévation du niveau des mers qui s’imposent insidieusement sur ces paysages vierges. La série met en lumière les graves périls auxquels sont confrontés ces écosystèmes importants et le besoin critique de les protéger des pressions que l’humanité exerce sur eux.